Mon petit pressé
- Parents.S.J
- 19 févr. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mai 2020
Texte écrit par Maman au naturel
Voir plus bas pour la version anglaise. See below for the English version.
La fin de semaine dernière ça a fait 9 mois que tu es arrivé dans nos vies comme un cheveu sur la soupe. Mon petit rayon de soleil, mon bébé sourire, mon petit pressé. Tu as décidé de frapper à la porte trop tôt. À 30 semaines et des poussières, tu crevais la poche de mes eaux, ta petite maison, ta sécurité. Je n'étais pas prête, toi non plus. Tu n'avais même pas encore de nom. Je suis entrée à l'hôpital où on m'a tenue prisonnière de mon lit pour que tu restes le plus longtemps possible dans le tien. On te surveillait de près. Les médecins disaient que tu pouvais arriver à tout moment comme arriver dans plusieurs semaines. C'était toi qui allait le décider. J'ai rencontré l'équipe de néonatalogie qui m'a expliqué tout ce que tu pourrais avoir comme séquelles. Tu allais sûrement devoir te battre beaucoup trop vite dans ta vie. C'était énormément d'informations et aucune certitude. Le parcours de chaque petit pressé est complètement différent. J'ai lu un peu sur le sujet, mais ça ne faisait qu'épaissir le brouillard. On ne pouvait pas savoir, rien prédire. On ne pouvait qu'espérer que tu restes bien au chaud.
Au rythme des jours, des battements de ton cœur sur le moniteur, du roulement des infirmières et de mes nouvelles voisines de lit, les semaines ont passé. Je fais mon deuil de ma fin de grossesse, le deuil de la normalité. Le deuil de ma bedaine qui ne deviendra jamais aussi grosse, celui de mon shower, celui des derniers moments partagés avec mes élèves. J'apprivoise l'angoisse, la solitude, notre petite bulle, mon rôle de maman. J'essaie de ne pas penser à la suite, de rester confiante.
À 34 semaines, on a pris la décision que j'allais être provoquée. Qu'on allait te forcer à sortir parce que tu risquais maintenant plus ta vie à l'intérieur que dehors. Tu ne prenais plus vraiment de poids et le risque d'infection augmentait. J'ai été transféré à l'hôpital près de la maison. C'était mon médecin qui était de garde. Je devais avoir confiance. Ta naissance ne serait pas ordinaire, mais après tout tu ne l'étais non plus.
Tu as vu le jour en quelques poussées sans aucune douleur. Tu étais si beau, si petit, si
fragile, mais tellement fort. Je t'ai pris quelques minutes avant qu'on te mette dans une autre petite maison pour te permettre d'apprendre à vivre par toi-même. Tu y as été à peine 48h. Sans masque, sans aide respiratoire, sans tube de gavage. Mon champion, mon petit poulet. Tu as eu à faire de la photothérapie pour soigner une jaunisse, mais rien de majeur. En 6 jours, on était tous ensemble en dehors de l'hôpital. Tu ne prenais pas le sein, mais tu buvais bien mon lait à la bouteille. Tu prenais plus de poids qu'il l'espérait. Tu allais bien, tellement bien.
Depuis tu ne cesses de grandir. Papa et moi te regardons évoluer avec émerveillement. On ne sait pas encore si tu auras des retards ou des difficultés plus grandes que les autres. On ne te compare pas trop, on oublie souvent ta fragilité et ton début de parcours atypique. La réalité frappe parfois. Tu as eu ton premier rhume et ta première pneumonie. Tes poumons sont plus petits, ils vont le rester toute ta vie. C'est un dur rappel. On voudrait te protéger, mais tu vas voler de tes propres ailes et continuer à affronter les épreuves comme tu as su si bien le faire depuis le début. Mon bel amour...
La prématurité est arrivée dans ma vie sans que je l'ai souhaité. Je sais que je suis chanceuse parce que mon histoire est loin de représenter celle de beaucoup d'autres. Je n'ai pas connu l'unité néonatale, les soins intensifs, les jours et les nuits d'angoisse à espérer que mon enfant va survivre à la prochaine respiration. J'ai pu rapidement prendre et bercer mon coco sans fils, sans tubes, sans peur. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde. Je vous regarde aller, je regarde les sacrifices que vous devez faire pour pouvoir être au près de vos précieux trésors. Je vois le réseau de soutien qui se tisse comme une toile pour vous soutenir. Je vois les infirmières et les médecins qui deviennent un peu des membres de la famille parce qu'ils se battent avec vous. Je vois les larmes dans vos yeux, l'acceptation, l'impuissance, la douleur et tous vos petits deuils quotidiens. Je vois surtout que vous continuez à mettre les pieds un devant l'autre pour avancer. Vous êtes vous aussi des combattants. Ne lâchez pas. Je vous envoie tout mon amour et mon admiration.
See below for the English version. Voir plus bas pour la version anglaise.

My Little Eager One
Text written by Maman au naturel
Translated by Trish Di Stefano
Last weekend marked nine months since you came into our lives in a rather unexpected way. My ray of sunshine, my smiley baby, my little eager one. You came much too early. At 30 weeks and change, you broke my water—your home, your refuge. I wasn’t ready, and neither were you. You didn’t even have a name yet. I was suddenly held captive in a hospital bed so that you could safely stay in yours as long as possible. We watched you closely. The doctors said you could come at any time, that your birth could still be weeks away— it was you who would make the final decision. We met the neonatal team to discuss the possible lasting effects of our new reality. It seems you’d been given a head start in learning to fight your way through life. The information we received was overwhelming, and filled with uncertainty. Every preemie had a different story. I tried to educate myself on the subject, but it only seemed to make our situation seem less clear. We were not in a position to foresee, to predict. All we could do was hope that your little body stayed warm.
Our days were measured by the beats of your little heart on the monitor, by the turnover of nurses looking out for you, by the steady flow of roommates who shared our room. The weeks passed, and I mourned the late pregnancy I would not experience, the normality that should have been. I mourned my belly, which would never get as big as the one I’d hoped to wear proudly at my baby shower, the one I’d hoped to share in those final days with my students. With time, I slowly eased out of my anxiety and solitude, transitioning from our little bubble and into my new role as mother. I lived in the moment, protecting the confidence I so desperately needed.
At 34 weeks, we decided that I would be induced. That we would coax you out into a world that would take better care of you than my body could at this point. You were hardly gaining weight and the risk of infection was growing. I was transferred to a hospital close to home, where my doctor was on call. I needed to sit back now and just trust. Your birth wouldn’t be ordinary, but after all of this neither would you.
You saw daylight after a few painless pushes. You were so beautiful, so small, so fragile, but oh so strong. I held you for a few moments before you were placed in another temporary home to help you breathe on your own. You were there barely 48 hours. No mask, no respiratory help, no feeding tube. My champion, my little angel. Besides phototherapy for your jaundice, you needed no other help. In six days, we left the hospital as a family. Although you weren’t taking the breast, you were happy to drink my milk from a bottle. You were gaining more weight than was expected— you were doing great, really great.
Since then, you have not stopped growing. Daddy and I watch you in utter amazement. We don’t know yet if your premature birth will have any long-term effects on your development. We try not to compare you to other babies, and even forget how fragile you are and how unique your start was. But reality hits us sometimes. You’ve had your first cold and your first bout of pneumonia. Your lungs are small, and will stay that way forever— it’s a harsh reminder. We want nothing more than to protect you, but know that you will fly with your own wings and continue to face all that life has to offer you, as you’ve done beautifully from the very beginning. Our sweet baby angel...
Prematurity arrived into our lives without any warning. I know that I'm very lucky, because my story is far different then some other moms. I didn't go through the neonatal unit, the intensive care, the nights and days of worries waiting for the next breathing to come. I had the chance to hold my baby in my harms and rock him without any wires, without the fear. I know that it's not the case for every mommy who went threw this. I see you, sacrificing everything to be close to your little one. I see everybody that surrounds you to support you. I see the nurses and the doctors who become somewhat part of the family, because they're fighting with you. I see the tears in your eyes, the despair, the acceptance, the pain and every little moments that are so difficult because they look like mountains to cross. Above all, I see you put one foot in front of the other to go forward. You are also a fighter. Don't give up. I send you all my admiration and love.

Nous sommes toujours à la recherche de parents qui seraient intéressés à partager leur expérience. Contactez-nous si c'est votre cas! Nous avons tous une voix qui ne cherche qu'à être exprimée.
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